“Je ne suis jamais tombée amoureuse,” explique Mejgan, une jeune fille de 15 ans, à ‘Too Young to Wed’ (Trop jeune pour se marier). Elle fait partie de ces enfants déjà mariés. En effet, toutes les minutes, 28 autres jeunes filles comme Mejgan se retrouvent mariées alors, encore mineure.
En ce jour international des filles, nous devons p arler du mariage des enfants qui semble toucher de façon disproportionnelle les jeunes filles. ‘Girls not Brides’, que l’on traduirait par ‘Filles pas épouses’, est un ensemble d’organisations juridiques qui estime que toutes les deux secondes, une fille encore mineure est mariée. Chaque année, c’est près de 15 millions de nouvelles filles qui se retrouvent mariées. De quoi sonner l’alarme ! Le mariage d’enfants, n’ayons pas peur de le nommer, est avant-tout un mariage forcé qui entraîne des abus sexuels sur l’enfant, ce dernier n’étant pas consentant. Lorsqu’une jeune fille est traitée comme une marchandise censée rembourser les dettes familiales, alors s’installe ici un cercle de violences. Alors passive de sa propre vente qui entraîne bien évidemment des répercussions sur sa vie entière, déterminant un contexte social et économique et des conséquences sur sa santé. Ces filles se voient voler leur enfance ainsi que leur volonté de concevoir une relation d’amour sur un rapport de consentement mutuel. N’oublions pas que nos filles ne sont en rien des bêtes que l’on échange vulgairement sur un marché. À l’image de leurs frères, de leurs amis et de tout le monde, elles méritent elles aussi, qu’on les estime pour les enfants qu’elles sont et donc bénéficier des droits qui les protègent pour construire leur propre avenir.
En plus d’être une violence en lui-même, le mariage invite souvent à plus de violence, comme des grossesses non-désirées ou davantage agressions sexuelles. Quand elles deviennent mariées, ces enfants sont souvent extirpées du système scolaire, ce qui les marginalise et cumule progressivement de fortes lacunes pour de potentielles perspectives d’emplois. De plus, le mariage d’enfant accroît le taux de mortalité infantile. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la grossesse et les complications liées à l’accouchement sont deux facteurs de décès chez les 15-19 ans, après le suicide.
Si le mariage d’enfant est inévitablement un problème de taille, nous devons alors parler d’une seule et même voix pour le combattre. Cette année, la prévalence des mariages d’enfants aux États-Unis a fait les gros titres. Malgré de conséquentes réactions à l’encontre de lois autorisant les grossesses prématurées ou les mariages d’enfants, le mariage avec des mineurs de moins de 18 ans reste légal dans quasiment tous les états, le New Jersey reste, à l’heure actuelle, le seul à faire exception. Dix états autorisent aux jeunes filles enceintes la possibilité de se marier et d’autres légalisent le mariage d’enfant sous l’accord d’un parent.
Alors qu’aux États-Unis et dans le monde entier, ces jeunes filles sont souvent mariées à des hommes. Il nous suffit d’inverser les rôles pour se rendre compte, que l’on qualifierait tous cette union d’un acte de pédophilie.
Pour lutter contre, nous devons alors tous, à travers le monde, considérer le mariage impliquant au moins un mineur de moins de 18 ans comme un crime, et ainsi protéger nos enfants et leur garantir le droit de profiter d’une scolarité saine et sauve. Preuve que des lois d’une telle ampleur peuvent changer la réalité de ces jeunes enfants, aux Maldives, après avoir installé l’âge minimum du mariage à 18 ans en 2001, le taux de mariage d’enfant a chuté à 6% en 2009 contre près de 50% en 1995. En Afghanistan, où l’âge minimum légal au mariage est de 16 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons comme inscrit dans le Code Civil, 57% des filles se retrouvent mariées avant d’avoir 18 ans. Bien que de faire changer l’âge minimum légal au mariage ne suffit pas à supprimer ces mariages d’enfants, il permettrait tout de même de faire un pas de plus pour leur protection.
Mettre fin au mariage des enfants nous aidera à atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies et à augmenter les taux d’alphabétisation et de productivité dans nos communautés, mais surtout, cela permettra à nos filles d’exploiter tout leur potentiel. Il est temps que le monde réagisse et que d’une même voix proclame que: ni la tradition, ni la religion, ni la culture, ni la guerre, ni la pauvreté ne justifie le mariage des enfants.
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